Les stéréotypes rendent la réalité plus simple, ils la déforment aux dépens des individus. Ce phénomène souvent inconscient fonctionne chez tous. En prendre conscience permet d’objectiver ses décisions pour le choix d’un potentiel repreneur.
L’impact du premier contact
Alain et Sylvie partent à la retraite dans deux ans et recherchent activement un repreneur pour transmettre leur exploitation laitière. Suite à la diffusion d’une annonce, Alain a reçu la visite de deux jeunes voulant créer un collectif à quatre avec différentes productions. Alain ne donne pas suite car il est peu convaincu par l’échange et l’ intérêt des jeunes sur le volet technique. Aujourd’hui, il reçoit un autre candidat après avoir échanger aux téléphone. Alain raconte à son épouse son échange téléphonique : «eh bien tant mieux, je me réjouis de rencontrer ce jeune. Elle lui répond : « Mais tu sembles un peu dubitatif ?» Alain explique que le candidat a prévu de se rendre au festival de musique métal Hell Fest. « Un rockeur à la tête de mon troupeau, je n’y crois pas trop… ». Sylvie s’étonne de sa réaction et lui propose de le rencontrer avant de s’imaginer quoi que ce soit sur le candidat.
La transmission : une étape remplie d’affect
Sylvie et Alain, très investit dans leur exploitation, souhaitent trouver un repreneur à qui ils transmettront « leur œuvre » en toute confiance. Dans ce contexte rempli d’affect, les cédants ressentent parfois une certaine appréhension, parfois du stress. Cet état émotionnel se répercute sur nos réactions. Suite à d’une idée (la personne écoute un type de musique), le cerveau se construit rapidement un portrait de la personne, et sans détour, imaginer un profil de candidat…souvent loin du candidat idéal.
Méfiez vous ! Les représentations construites à partir de notre histoire, notre éducation, nos croyances sont bloquantes ! Le repreneur peut avoir des valeurs communes à celles de Alain et ne pas partager les mêmes goûts musicaux ! Avoir conscience de ses préjugés aidera à ne pas biaiser la communication avec son interlocuteur. Ceci est valable pour les cédants et les repreneurs.
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Le repreneur « idéal » n’existe pas
Le cédant doit avoir conscience que le repreneur sera une personne différente de lui, mais qui pourra aussi s’attacher à l’exploitation et s’y épanouir avec un nouveau projet. Il faut composer avec des différences d’ âges, de visions du travail et du métier. Pour transmettre, il faut réussir à construire une relation de confiance pour avancer ensemble sur ce bout de chemin de la transmission/reprise d’exploitation agricole. La confiance s’obtient grâce au dialogue, et de la transparence et une ouverture d’esprit aux attentes et aux besoins de l’autre. Un projet nouveau peut être à la fois viable ou sérieux. L’important est de prendre le temps et le soin de questionner le repreneur sur son projet afin de comprendre et parvenir à y donner du crédit.
Ces thématiques vous sont proposées par les Chambres Régionales d’Agriculture de Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Hauts-de-France dans le cadre du projet REFLEX ORGA’NIC, qui ont écrit une série d’articles sur les freins à l’installation et à la transmission et apporter des pistes pour les dépasser. Les Chambres d’agriculture vous partagent les expériences anonymes d’Alain, Sylvie et Gaspard au travers de 12 épisodes.
Plus d’infos :
Celine COLLET, Chargée de mission IRD – organisation du travail et RH
Chambre régionale d’agriculture de Normandie