A l’échelle de la Normandie, plus de 52 % des chefs exploitants agricoles ont plus de 50 ans soit près de 15 000 personnes. Les chefs d’exploitation futurs cédants doivent être les porteurs de projet de leur transmission. En effet, le renouvellement des générations du monde agricole ne concerne pas uniquement les chefs exploitants qui vont céder, mais aussi les acteurs de leur réseau avec lesquels ils ont été amené à travailler (CUMA, Coopératives, collectivités …) et avec qui ils vont préparer leur transmission. Le cédant doit faire le lien entre son réseau et les futurs repreneurs pour une transmission réussie.
La réforme des retraites et donc le report de l’âge possible de départ à la retraite donnent un prétexte pour ne pas avancer sur le questionnement de son projet de transmission. A cela s’ajoute à une conjoncture plus favorable.
Mais alors pourquoi anticiper ?
Une exploitation est le fruit d’un travail quotidien avec son histoire, et ses engagements. Quel que soit le motif qui amène un chef exploitant à cesser son activité, la transmission de son entreprise marque l’aboutissement d’un parcours professionnel et un investissement personnel. La transmission d’une exploitation revêt différents aspects qui peuvent rendre l’exercice complexe et mobilisent des compétences dans différents domaines : économique, financier, social, fiscal, technique, réglementaire et humain et psychologique. C’est pourquoi, il est important de travailler en amont, définir son projet de transmission et de se faire accompagner.
Définir son projet de transmission
Pour définir son projet, il y a des questions à se poser : qu’est-ce que je maîtrise ? Est-ce que je suis propriétaire du sol sous les bâtiments ? Que souhaitent mes propriétaires ? Est-ce que l’exploitation a du potentiel ? Et les productions en place correspondent-elles à la demande ? Quelle est la valeur de l’exploitation ? Est-ce qu’il y a une date optimum ? Est-ce que je reste dans la maison de l’exploitation et sinon où je vais aller habiter ? et en échanger en parler avec ses proches ?
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- Associer les propriétaires à votre projet permet de maximiser la possibilité de maintenir votre surface exploitée et donc de favoriser le maintien du siège d’exploitation. Selon les bâtiments, selon les productions, selon sa situation géographique, l’exploitation aura une attractivité plus ou moins marquée.
- Déterminer une valeur reprise de l’exploitation est nécessaire. On ne peut pas chercher un repreneur sans avoir travailler le prix de l’entreprise. Se faire accompagner dans le chiffrage permet de comprendre et de justifier le prix affiché.
- Avoir une date permet d’établir un calendrier et de façon induit d’avancer.
- Savoir où l’on va habiter aide à se sentir en sécurité et se projeter pour un nouveau chapitre de la vie.
- Parler de son envie de transmettre permet d’informer ses proches, ses voisins et aussi de partager les expériences des agriculteurs qui ont transmis.
Il existe plusieurs structures qui accompagnement la transmission des exploitations comme La Chambre d’agriculture, Les CIVAM, la SAFER, Terre de liens, Bio en Normandie, L’ARDEAR et d’autres. Chacun propose différents moyens de diffusion de l’offre d’exploitation. Ils accompagnement dans l’avancement du projet, dans la rédaction de l’offre, dans le chiffrage, dans la diffusion et dans la mise en relation et jusqu’à la concrétisation.
Un site dédié aux offres, des réunions collectives, des rendez-vous individuels, des formations, des portes-ouvertes, des abonnements à newsletters et des actions locales. Il y a forcément un format qu’il lui correspond. Car réfléchir, se former échanger permet d’avancer dans son projet. Plus un cédant s’informe, plus il a des chances de transmettre dans de bonnes conditions. Se faire accompagner permet d’avoir une source d’information complète sur tous les domaines impactés.
Qui pour reprendre l’exploitation ?
Faire savoir que votre exploitation est à transmettre permet de se questionner sur la personne qui pourrait reprendre : un enfant, un voisin, un salarié, un ancien apprenti, un inconnu… Ont -il le profil que je cherche ? Pour avancer, il ne faut chercher son clone, car il n’existe pas. Mais partager des valeurs avec son repreneur est essentiel. Le questionner sur ses motivations, son expérience, son parcours scolaire, ses compétences techniques et en gestion, ses projets sur l’exploitation et sa capacité financière permet d’affiner et de conforter son choix.
Accueillir son repreneur pour une période de travail en commun est nécessaire pour transmettre sereinement. Différents outils sont possibles selon les profils des repreneurs soit en stage créateur d’entreprise, soit en contrat de parrainage, en salariat, en GAEC à l’essai, en apprentissage… Mais il est important qu’il ait un statut et une reconnaissance comme futur repreneur. Cette période permettra de faciliter une passation, la transmission du flambeau au repreneur et d’assurer une continuité de l’exploitation.
Pour avancer dans le projet, il est nécessaire de le formaliser. Le repreneur doit obtenir un accord de banque qui va démontrer que son projet est viable. On établit un rapport gagnant-gagnant. Il est temps de signer un compromis, de faire les promesses baux et selon le cas par exemple de faire appel à un géomètre.
Anticiper permet d’avoir de définir l’offre de cession, de chercher et de trouver un repreneur, de faire un période de test et ainsi de concrétiser la transmission. Le temps permet d’accepter le changement et de ne pas le subir, de construire son projet de transmission. L’exploitation est un puzzle unique où chaque pièce compte. Transmettre son exploitation est un travail de fond et de longue haleine. La clé d’une transmission réussie est l’anticipation.