Ne pas se fier à la première impression

Dans les campagnes, la diversité  et la nouveauté n’est pas toujours accueillie de premier abord favorablement.Dépasser ses idées reçues est une tâche ardue, elles sont liées à notre éducation, à notre environnement social et fortement ancrées dans notre inconscient. Il est important de les surmonter car elles pourraient vous faire passer à côté d’un repreneur compétent.

Une rencontre étonnante

Alain et Sylvie sont en recherche d’un successeur. Sans repreneur au sein de leur famille,   l’exploitation a été inscrite sur le Répertoire Départ Installation pour trouver des candidats. Les échanges téléphoniques, ont laissé Alain dubitatif. Aujourd’hui, il reçoit enfin le candidat : Gaspard. Son CV est intéressant, mais Gaspard, il vient au rendez vous  avec un « look suprenant » blouson en cuir, boucle d’oreille, tatouage qui dépasse des vêtements. Après la rencontre, l’exploitant rapporte à sa femme Anne : « celui-là, je me demande si ça fera un vrai agriculteur ». Elle lui répond : “moi je l’ai trouvé plutôt motivé et il a déjà une expérience. » Alain poursuit : “Non mais tu as vu son allure, ça ne fait pas sérieux, et les voisins ils vont penser quoi …”. Sa femme continue : « Tu sais, l’apparence est peut-être trompeuse ! Toi à son âge, tu avais les cheveux longs et pourtant tu as eu une longue carrière d’agriculteur. Je sais bien que c’est difficile pour toi de laisser partir l’exploitation de ta famille mais laisse-lui sa chance !».

Une différence dont on se méfie

Alain n’est pas à l’aise dans cette situation peu confortable où il doit choisir un repreneur inconnu. Il a des doutes face à ce profil différent pour lequel il n’a pas de repères sur ses capacités à reprendre l’exploitation. Ses premières impressions lui font conclure que le candidat pourrait ne pas convenir.

Accueillir de nouveaux profils

Le premier contact est crucial dans la suite de la « relation » :  rapidement, on se fait une idée de la valeur, de la compétence de l’autre. Ce constat est largement ancrée dans nos valeurs, notre histoire  : modes d’éducation, rencontres mal vécues, informations dans les médias …

Aujourd’hui, le nombre d’installations à caractère familial diminue.Ces nouveaux porteurs de projet venus d’horizons très variés, sont une belle opportunités  pour faciliter la transmission des exploitations. Avoir conscience de ses propres valeurs, ce qui compte pour soi dans la transmission et travailler son acceptation de la différence est devenu nécessaire.

Ces thématiques vous sont proposées par les Chambres Régionales d’Agriculture de Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Hauts-de-France dans le cadre du projet REFLEX ORGA’NIC, qui ont écrit une série d’articles sur les freins à l’installation et à la transmission et apporter des pistes pour les dépasser.Les Chambres d’agriculture vous partagent les expériences anonymes d’Alain, Sylvie et Gaspard au travers de 12 épisodes.

Plus d’infos :

Celine COLLET, Chargée de mission IRD – organisation du travail et RH

Chambre régionale d’agriculture de Normandie